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Publié il y a 4 ans par Cathy Assenheim

"Haut potentiel", "zèbre", "enfant précoce"... Qu’est-ce que cela signifie au juste?

Haut potentiel, HPI, HPS, surdoué, précoce, zèbre… les termes sont nombreux. Mais que recouvrent toutes ces appellations ? Il y a franchement de quoi se perdre quand on évoque cet univers dont on parle de plus en plus. Alors est-ce un effet mode ou une réalité ?

Pour y voir clair, il faut d’abord comprendre que ce sont avant tout des modes de fonctionnement spécifiques ... Pas des pathologies ! Les individus qui portent ces étiquettes ne sont ni plus ni moins que les autres … Ils sont juste différents en termes de fonctionnement tant cognitif que psycho-affectif. Certaines recherches actuelles tendent même à montrer des particularités physiologiques au niveau hormonal. Accepter cette différence, dans ses forces et ses faiblesses, est le premier pas pour ceux qui en souffrent, afin de mieux comprendre et donc mieux vivre au quotidien.  

Comment détecte-t ’on le « haut potentiel » ?

Officiellement, on utilise actuellement un indice quantitatif qui reflète les performances à une série d’épreuves  intellectuelles : le « Quotient Intellectuel » (QI).
Pour les adultes (+18 ans), le test officiel est l’échelle WAIS tandis que pour les enfants et les adolescents, il s’agit de l’échelle WISC.  Ce bilan doit être réalisé par un neuropsychologue.

Mais ces quantifications sont de plus en plus critiquées car jugées péjoratives et incomplètes !
D’abord, car le terme « haut» induit directement un déséquilibre… Comme si le « HP » était « plus » que les autres. Ensuite, ces tests limitent le diagnostic à une quantification de la sphère intellectuelle. Or certaines caractéristiques non intellectuelles, psycho-affectives surtout, sont qualitativement très présentes dans ce fonctionnement particulier…Enfin,  On observe des variations de grande ampleur des résultats à des moments différents chez le même individu. Cela voudrait dire que l’intelligence ne peut être figée et donc investiguée de manière ferme. L’aspect qualitatif est dès lors également une part de plus en plus essentielle de ce diagnostic.

Une question de terminologie et une multitude de combinaisons possibles

  • Une personne est « surdouée » (cfr Douance) ou « HPI » (cfr « Haut Potentiel Intellectuel ») quand le QI testé > 130. Les «THPI » (cfr « Très Haut Potentiel Intellectuel ») ont un QI testé > 145 et les «TTHPI» ont un QI testé > 160 (cfr « Très Très Haut Potentiel Intellectuel »).
  • Chez les enfants, on parle de « précocité »
  • L’appellation « zèbre » (de l’auteur Jeanne Siaud-Facchin) est également de plus en plus utilisée car « le zèbre se fond dans le paysage, mais reste fondamentalement différent d’un cheval et des autres animaux de la savane »
  • Aujourd’hui, on parle de plus en plus de «SHP» (« Sensitive High Potential ») ou «HPE» (« Haut Potentiel Emotionnel ») pour évoquer la dominance de la sensibilité exacerbée de ce fonctionnement particulier

*Pour plus de cohérence, j’ai choisi d’utiliser les termes HPI/HPE dans cet article

Une multitude de combinaisons sont possibles dans ses forces, ou ses faiblesses : QI légèrement supérieur et hypersensibilité modérée, QI et hypersensibilité élevée, QI modéré mais hypersensibilité forte etc…
Différents troubles neurodéveloppementaux peuvent également être associés : TDA-H, hyperactivité, Syndrome d’Asperger.

Un fonctionnement cognitif spécifique

Les études basées sur les IRMS ont démontré que le cerveau d’une personne HP/HPS est structurellement différent d’une personnes tout venant :

  • Un nombre de connexions neuronales plus important,
  • Une vitesse de déplacement de l’information plus rapide,
  • Une suractivation du cortex préfrontal

On relève par ailleurs une dominance du cerveau droit qui implique un mode de pensée très spécifique :

  • Une association d’idées en continue (cfr pensée divergente ou en « arborescence ») qui se démarque des modes de pensée « gauche » plus séquentiels, avec une gestion convergente des idées cad hiérarchisées l’une après l’autre. Ce dernier mode de fonctionnement correspond au système scolaire traditionnel.
  • Une gestion simultanée d’un grand nombre de données, permettant une vision plus globale
  • Une attention accrue aux détails et la capacité de percevoir les intonations ainsi que le langage non verbal

Si ce fonctionnement structurel et cognitif particulier peut être une force intellectuelle, il induit également un risque d’éparpillement des idées, de perte de l’objectif de base lors de la réflexion et une concentration parfois déficiente ! D’où la confusion fréquente avec un TDA-H (trouble de l’attention avec ou sans impulsivité) dont  la cause est pourtant structurellement différente.

Un fonctionnement hormonal spécifique

Plusieurs études semblent montrer que les HPI/HPE auraient un fonctionnement hormonal différent, principalement au niveau de la production de la sérotonine et de l’ocytocine. Cette spécificité pourrait expliquer les troubles du sommeil plus fréquents chez les HPI/HPE ainsi que certains types comportements affectifs.

Par ailleurs, des recherches en cours semblent montrer que les HPI/HPE sont plus enclins à développer des dépressions, à  déclencher des allergies, des maladies auto-immunes et des syndromes inflammatoires.

Un bilan médical approfondit peut aider à une prise en charge optimale de cet aspect physiologique, afin d’éventuellement soutenir le système hormonal ou réguler des carences  spécifiques. L’accompagnement de la gestion du sommeil et de l’alimentation peut également être une aide non négligeable dans les implications quotidiennes de ce fonctionnement.

Un fonctionnement psycho-affectif spécifique

Très intenses et hypersensibles, les personnes HPI/HPE ont parfois été mal diagnostiquées: troubles de la personnalité, maniaco-dépression, troubles bipolaires, personnalisé cyclothymiques, narcissiques ou borderlines … sont souvent des étiquettes collées à tort !

Les individus HPI/HPE se caractérisent avant tout par une hyper réactivité !
Ils ressentent plus, plus fort, plus viteet ce tant en interne (émotions) qu’en externe.

  • Ces personnes présentent souvent une hyperesthésie cad une sensibilité exacerbée aux stimuli externes : leurs sens sont décuplés dans le plaisir ou le déplaisir. Chaque personne a ses « sens prédominants » : audition, olfaction, hypersensibilité à certaines matières etc
  • Leur empathie accrue doublée d’une hypersensibilité émotionnelle font qu’Ils débordent souvent affectivement et éprouvent un irrépressible besoin de donner leur affection. Ils sont avides de relations intenseschaleureuses, et donnent sans compter. Cela peut être propice aux abus et manipulations diverses.
  • Leur système de valeur est en acier trempé: Ils ont souvent une idée très précise de ce que doivent être la justice, la franchise, l’honnêteté, l’amitié, l’amour et revendiquent leurs critères extrêmes comme étant normaux et évidents. Ils sont donc très exigeants dans leurs relations. On les étiquette parfois  «d’handicapé de la nuance » car la barre est placée très haut vis-à-vis de leur entourage. Et avec des attentes aussi intenses un sens de la justice aussi fort, tôt ou tard, la personne HPI/HPE ne pourra hélas qu’être déçue …
  • Leur créativité est souvent très forte. Les HPI/HPE présentent souvent dès le plus jeune âge des passions ou des centres s’intérêt exclusifs : dinosaure, voiture, cosmos. Et si le monde réel les déçoit ou les agresse, la personne a la capacité de se réfugier dans un monde parallèle ou dans l’invention de compagnons imaginaires.

Toutes ces variations émotionnelles rapides et intenses peuvent à force entrainer un comportement d'inhibition (repli, timidité) ou à l’inverse, une recherche éperdue de réussite et de reconnaissance.
Un état d’être qui mène à souvent privilégier « le faire », l’action. Ce qui peut être confondu avec un trouble d’hyperactivité. D’autant que leur esprit critique, rarement satisfait, implique une exigence sans faille vis à vis d’eux même et donc surpression, surinvestissement, surcontrôle en continu

Ce fonctionnement psycho-affectif spécifique génère un stress important qui peut devenir problématique.
Le cerveau est sans cesse sollicité pour s’adapter à toutes ces stimulations, dans une réaction d’alarme continue. On parle dès lors souvent d’un profil de stress plutôt anxieux (somatisations physiques, fatigue chronique, ruminations mentales, fatigues, phobies etc) …
Les HPI/HPE sont des candidats particulièfrement enclins au burnout.

Pour conclure ...

Il faut parfois de nombreuses années avant de découvrir ce qui “cloche” … car sans connaissance de son mode de fonctionnement, la personne HPI/HPE se sent telle un extra-terrestre. Pour s’adapter, elle vit souvent dans le repli de ce qu’elle est pour masquer cette différence.

Se savoir « HPI/HPE ne se fait pas sentir HPI/HPE! Mais cela peut permettre une nouvelle grille de lecture de ce fonctionnement en décalage par rapport aux autres et des possibilités de mieux le vivre / le gérer.

Cela passe d’abord par la compréhension et l’acceptation de ce qui est un fait, mais pas une malédiction ! Ensuite, il est primordial d'adopter une approche globale du patient  HPS/HPE : physiologique, cognitive, psychologique et comportementale. Ceci afin de pouvoir l’aider à gérer au mieux les forces mais également les faiblesses de son fonctionnement particulier. 

Au niveau psychologique, les thérapies cognitivo-comportementales semblent particulièrement bien adaptées pour aider à mieux ces personnes à vivre le quotidien. Différents outils issus des neurosciences peuvent aider à calmer l’hyper-réactivité et cette sensation que le cerveau tourne tout le temps. Des techniques de respiration spécifiques peuvent également permettre de réguler le système nerveux et hormonal afin de mieux vivre le quotidien.

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